La Dormeuse

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Tous les plans sur la comète furent tirés et réalisés, afin que réussît l’entreprise. Armé seulement de ma bonne mine de plomb en prévision d’un grand nombre de dessins sur vélin, comme autant de stratagèmes et stratégies tentées pour m’approcher de la dormeuse et la croquer sans autre forme de processus que celui du papier et du crayon, j’en fis des festins à manger sur place, enveloppez c’est pesé, et, en moins de deux ou trois cuillères à remuer l’émotion devant celle qui dormait toujours nue, je m’acquittai de ma tâche de petit titan, comme l’avaient fait avant moi, mais en grand et dans les grandes largeurs, Léonard, Michel-Ange ou Poussin, qui ne rigolaient pas avec les allotropes naturels du charbon.

Tout alla sur les roulettes du dessinateur-voyeur, mets-toi là, dors, reste à poil, j’adore, les tranches que je me payai valurent tous les pesant d’or. Tout fut noté, pointé, millimétré, inspiré. Elle n’en vit même pas de toutes les couleurs, pas une tache sur la blouse, mais, quand il fallut passer à la peinture, je changeai de chemise et pris une autre paire de manches. Le modèle n’était plus là, mais réveillée carapatée la dormeuse. Le peintre était seul devant la toile, dont l’œil regardait le coquin qui rigolait moins.

Puis je pris le gant que je relevai en même temps que le défi et déclarai de go à haute et intelligible voix : « Je veux voir la Dormeuse en peinture », et seulement en peinture, comme une sainte martyre en majesté, cette fois-ci avec du rose dessus et un peu de jaune, peut-être du rouge et du bleu, du ton de son sang de veine, mais pas plus, et, surtout, pas moins, puis tout le train et l’arrière-train du vocabulaire de la peinturlure, et lui seulement, « pour voir ».

Je visai uniquement une réalité picturale conquise par ses propres moyens : le nu pour les voyeurs chevronnés, le fond et la texture du lit pour les contemplatifs, la composition pour les érudits fanatiques de la citation, et quelques pièges à tigre pour les cinglés du « Qu’est-ce que ça r’présente ? où qu’il est le trou d’ balle et le réveil matin ? » Eh bien couic, tapette à souris, j’ai mis une ampoule, des ciseaux et même l’électricité, pour satisfaire les regards en manque d’intrigue et de chronologie. Qu’on ne cherche pas, il s’agit de quintessence de récit, comme celui, avec tous les détails, du parfum que reniflait Néfertiti quand elle disparut. A bon entendeur salut, à lui de tirer sur la comète.

Jacques Lacolley
13 mars 2019


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