(Bois, fer, carton, papier, peinture acrylique, encre)
Si le tableau classique est censé disparaître comme objet pour ne faire apparaître que la représentation dont il est le lieu, il n'en est pas de même du retable, objet d'art par excellence, qui peut être pris, porté, manié, ouvert ou fermé, pour devenir objet magique aux pouvoirs convoqués, ou, du moins objet satisfaisant, par sa forme, notre désir de découverte ou de mise au jour.
Un jour, j'eus peur d'être pris et écrasé entre les panneaux du retable d'Issenheim. Je n’eus pas assez de l'évidence expressionniste de Grünewald, et mis le doigt sur le bas d'un panneau comme sur le bas d'une page.
Cela bougea et grinça, et je me sentis impliqué et responsable de l'écho dangereux qui répondait à mon geste. Alors je fus convaincu que le retable était l'objet d'art par excellence, qui s'ouvre et se ferme sur (à) celui qui le regarde, ou même le pince, quand il ne le fait pas tourner, comme un qui cherche à entrer sans oser, en jouant des portes comme d'ailes.
Jacques Lacolley